L'art du jeu - Chad Harbach
A peine son premier roman paru, Chad Harbach a fait
l’objet de dithyrambes outre-Atlantique, à commencer par Jonathan Franzen et
John Irving qui ont déjà adoubé cet homme qui s’était préalablement fait
connaître en dirigeant la revu américaine « n+1 ». A peine publié en
France, « L’art du jeu » a également fait l’objet de nombreuses
critiques élogieuses. Et cela se comprend.
Tout commence avec Henry Skrimshander, jeune homme
d’origine modeste, qui n’aurait jamais cru pourvoir fréquenter un établissement
coté par le seul talent de ses performances au base-ball. Seulement, sa
rencontre avec Mike Schwartz, étudiant ayant décelé chez Henry des facultés
sportives peu communes, change la donne. Ainsi Henry intègre le Westish
College, une petite université dans laquelle les destins se nouent et se
percutent. Sans se désintéresser de ses deux protagonistes de départ, Harbach
dresse d’autres portraits dont on appréhende les failles et les traits de
caractère. Coéquipier d’Henry et Mike, Owen fait office d’intellectuel de
l’équipe. Il suscite rapidement la fascination du doyen de l’université, Guert
Affenlight. Ce dernier, passionné d’Herman Melville, doit, outre sa confusion
des sentiments, se confronter au retour de sa fille sur le campus, Pella.
Celle-ci fuit un mariage à la dérive qui n’éveille en elle plus aucun intérêt.
Sans diplôme ni expérience professionnelle, elle doit se remettre en cause et
savoir enfin ce qu’elle veut faire de sa vie. Tout cela serait confus sans le
talent d’Harbach.
A travers ce « campus novel » on suit les
errements de nombreux personnages en quête d’eux-mêmes. Les liens, parfois
étroits, parfois distendus, sont constamment sujets aux fluctuations des
sentiments, doutes et craintes. Harbach tisse des récits collatéraux, parallèle
qui se percutent ou s’évitent. Malgré les nombreux itinéraires relatés, on ne
perd jamais le fil de la trame principale tant Harbach maîtrise les histoires,
les imbriquant souvent les unes dans les autres. Il parvient également à
évoquer le base-ball sans que le lecteur hexagonal ne soit égaré ou dégoûté (les
lecteurs pugnaces des premières pages de « Outremonde » de Don
Delillo savent de quoi je parle) car si ce sport est peu populaire en France,
il est presque une religion aux Etats-Unis. Si « L’art du jeu »
brille par la profondeur de ses protagonistes, on en apprécie également la
narration de haute volée. Il y a comme du Philip Roth dans ce roman.
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